Le Meilleur Objectif pour la Photographie Culinaire

J’ai commencé la photographie il y a quelques années et je sais que lorsqu’on débute la question du matériel peut être pour le moins…obsédante !

Même si nous savons, au fond de nous-mêmes, que ce n’est pas le matériel qui fait le photographe, pour reprendre une expression bien connue, nous avons tout de même l’intuition que la technologie soutient nos ambitions créatives. Or cette intuition, bien que tout à fait fondée, a ses limites: s’acheter un boitier muni d’un bon objectif est à la portée de tous les porte-monnaies bien remplis, mais exécuter des photographies bien équilibrées demande des années de pratique. 

Une question qui revient souvent dans le champ de la photographie culinaire et que l’on me pose parfois est la suivante: « quel est le meilleur objectif pour la photographie culinaire? ». Si vous avez atterri ici, il s’agit peut-être d’une question qui vous taraude également. Je pense que l’on peut donner une réponse claire à ce sujet. En tous cas, je ferai de mon mieux pour ne pas vous donner de réponse molle du type: « le meilleur objectif pour la photo culinaire n’existe pas, c’est une question de préférence » (comme j’ai pu le lire de nombreuses fois sur internet). 

Néanmoins, ne vous attendez pas à ce que je vous donne une référence exacte de marque et de modèle d’objectif. Il y a aujourd’hui sur le marché beaucoup trop de choix pour que je puisse lister ici toutes les options envisageables. Je vous donnerai donc la focale idéale et en fonction du boitier que vous utilisez, vous choisirez l’objectif qui vous convient le mieux.

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  • Votre boîtier est-il un plein format ou un APS-C?

Je voulais vous épargner avec cette question technique mais c’est un passage obligé. Si vous avez acheté un boitier reflex APSC, vous avez un appareil photo numérique qui a un capteur 1,5 fois plus petit que le Plein Format 24x36mm alors vous devez convertir la focale de votre zoom, ce qui veut dire que vous devez multiplier la focale par 1,5 pour avoir la focale réelle. Alors, si vous possédez un objectif 50 mm, vous aurez en réalité un équivalent 75 mm, ce qui n’est absolument pas la même chose. Voilà donc pourquoi je pense qu’il est plus intéressant de parler de focale que d’objectif dans la mesure où un même objectif n’aura pas le même rendu en fonction du type de boitier que vous utilisez. Ainsi, la question « quel est le meilleur objectif pour la photographie culinaire? » n’a pas de sens en soi si un 50mm n’en est pas un sur un boîtier APS-C.



  • En matière d’objectifs, on en a pour son argent


Il vaut mieux un boîtier pas cher équipé d’un bon objectif que l’inverse. 

Que vous possédiez du matériel Canon, Nikon, Fujifilm, Pentax, ou Sony, il vaut mieux économiser sur les boîtiers que sur les objectifs. Si vous êtes à la recherche de l’objectif parfait, il faut avoir cette vérité en tête. La qualité du verre, le piqué, la vitesse de mise au point, l’ouverture maximale, sont autant de caractéristiques qui se paient plus ou moins cher en fonction des modèles.

Pendant quelques semaines, j’ai travaillé dans une pâtisserie où le chef m’expliquait qu’il ne comprenait pas les collègues qui faisaient des économies sur le matériel. Avoir un couteau de qualité, c’était l’assurance de travailler vite sans se couper; un four performant permettait des cuissons parfaites; une balance de confiance lui assurait des gâteaux toujours bien équilibrés. Je crois qu’il en est de même en photographie. 


Offrez-vous le modèle le moins accessible dans la limite de vos moyens. Il y a de fortes chances pour que ce soit celui qui répondra à vos exigences sur le long terme. De plus, il faut savoir que les objectifs perdent très peu leur valeur dans le temps et beaucoup moins rapidement que les boîtiers par exemple. Un objectif acheté 800 euros en 2020 pourra se revendre sans problème 650 euros en 2025. Il m’est même arrivé de revendre un objectif au même prix que celui où je l’avais acheté. En effet, j’ai fait l’acquisition d’un objectif d’occasion Fujifilm 56mm F1.2 en 2018 que j’ai revendu en 2020 pour exactement le même prix. 


  • L’objectif est un outil qui permet d’obtenir un résultat


Pour reprendre mon anecdote pâtissière, il faut envisager l’objectif comme un outil qui nous permet d’obtenir un résultat. Se poser la question de savoir « quel est le meilleur objectif pour la photographie culinaire? » a peu de sens si l’on envisage l’objet comme le maçon envisage sa truelle. Lorsque l’on devient photographe culinaire professionnel, l’appareil photo devient un instrument de travail au même titre que les objectifs dont il va l’équiper. Il ne s’agit plus d’un objet plaisir mais d’un outil qui vient remplir une mission. En réalité, il n’est pas nécessaire de devenir photographe culinaire freelance pour s’en rendre compte: la même vérité s’applique pour le photographe culinaire amateur. 


  • Quel résultat souhaitez-vous obtenir?

Dans l’article précédent (Comment construire un portfolio professionnel de photographe culinaire?) j’abordais la question de la niche dans laquelle vous allez inscrire votre travail. Vous vous êtes certainement rendu compte que dans cette niche l’utilisation de certaines focales prime sur les autres. Par exemple, dans le domaine éditorial, lorsqu’il est demandé au photographe de réaliser une série d’images d’une recette de cuisine, il est plus courant que celui-ci utilise une focale inférieure à 50mm que l’inverse. Il lui faut en effet beaucoup de contexte pour raconter sa recette, un objectif macro ne lui permettrait donc que difficilement de le faire. En revanche, il pourrait utiliser ce dernier afin de mettre en valeur un détail, une texture. Je veux insister ici sur le fait que le meilleur objectif pour un photographe culinaire spécialisé dans l’éditorial n’est sûrement pas le même que pour un photographe publicitaire, mais surtout dire que cela dépasse la notion subjective de préférence pour venir répondre à une question de fonction: quel résultat souhaitez-vous obtenir?


  • Quel type de commandes allez vous avoir?

La niche que vous allez choisir va vous permettre de créer un portfolio culinaire professionnel. Celui-ci attirera un certain profil de clients. Si vous êtes particulièrement bon en photographies de plats, les restaurateurs seront certainement vos principaux clients.

Imaginons ce cas de figure, où un client vous contacte pour réaliser des photographies de ses plats. Vous acceptez évidemment le contrat. Vous vous munissez de votre 50 mm (la focale idéale pour vos photos de plats) et vous vous rendez sur le lieu du shooting. Ce dernier se passe bien, le client est content des images et vous demande si vous ne pourriez pas faire un ou deux clichés d’ambiance du restaurant. Vous lui expliquez gentiment que ce n’était pas prévu dans le contrat et pour cause, même si vous acceptiez de le faire vous ne le pourriez pas car avec votre 50 mm vous n’auriez pas assez de recul pour prendre l’ensemble de la salle. Cette situation est embêtante parce que même si la demande du client est impromptue vous devez être en mesure de solutionner son problème, de répondre à sa requête afin de solidifier votre relation. On voit bien ici que la focale parfaite, pour un photographe culinaire professionnel, n’existe pas. En réalité, il est tout à fait nécessaire de s’équiper d’objectifs différents afin de pouvoir répondre aux problématiques multiples auxquelles nous sommes confrontés.


  • Les focales longues n’ont jamais été aussi populaires.

Je vous disais en introduction qu’à la question « Quel est le meilleur objectif pour la photographie culinaire? » je donnerai une réponse claire. 

Une des dimensions méconnues du travail du photographe culinaire est de se tenir au courant des tendances de fond qui animent le champ dans lequel il exerce. Or les clichés réalisés grâce à des focales longues n’ont jamais été aussi populaires. L’aspect compressé qui permet de s’arrêter sur des détails particulièrement gourmands pousse de plus en plus de photographes culinaires à investir dans un objectif macro (environ 90 - 120 mm). L’utilisation de cet outil a même favorisé l’émergence du « foodporn », qui désigne des prises de vue de mets riches et gourmands où le sujet principal occupe généralement l’essentiel du cadre. 

L’essor de l’utilisation des objectifs macro touche tous les domaines de la photographie: la photographie de rue n’est pas épargnée par ce phénomène. Il est évident que les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans cette démocratisation. En effet, nous ne regardons plus les photographies comme nous le faisions dans les années 1990. L’essentiel de la consommation photographique se fait sur un écran de téléphone qui tient dans la paume de notre main. Ce changement radical implique des changements profonds dans la pratique photographique: une recherche d’images simples, lisibles d’un coup d’oeil grâce à un sujet clairement identifiable. Les objectifs macro viennent répondre directement à cette demande de simplicité, née de la mutation technologique que nous connaissons depuis une vingtaine d’années. 

Si nous inscrivons cette question de l’objectif parfait pour la photographie culinaire dans une réflexion sur l’époque dans laquelle nous vivons, il est évident que les focales longues répondent avec plus d’acuité aux besoins du temps présent que les objectifs grand angles. Pour simplifier votre choix, si vous possédez un boitier dit « full frame », un objectif 90-105mm vous donnera la compression nécessaire pour réaliser des compositions gourmandes et vous permettra de vous approcher assez prêt afin de capturer les détails qui feront saliver le spectateur. De la même manière, si vous avez suivi le raisonnement suivi jusqu’ici, tout objectif de plus de 70 mm monté sur un boîtier APS-C vous offrira le même rendu. 

Enfin, n’ayez pas peur d’aller plus loin encore dans votre exploration de l’univers de la macro. Mon combo préféré pour la photographie culinaire est un objectif 90 mm F2 de chez Fujifilm, monté sur un boîtier APS-C (il s’agit donc d’un équivalent 135 mm sur un boîtier plein format). Il me permet de composer de façon très serrée sur des détails que je considère comme particulièrement alléchant (voir la photographie de bagel ci-dessous).


  • Progression d’achats pour photographes culinaires débutants

Pour ceux qui débutent vraiment la photographie culinaire, je conseillerais de lire le guide intitulé « Comment construire un portfolio de photographe culinaire professionnel? », présent sur mon blog. C’est une bonne entrée en matière pour se poser les bonnes questions sur l’orientation que l’on veut donner à son travail. Cet article vous aidera à réfléchir sur le « pourquoi » de votre entrée dans le domaine de la photo culinaire tout en vous donnant une base de réflexion quant à la niche que vous souhaitez investir. Je crois effectivement que le plus la niche est restreinte et le mieux on attire SON public. Or, chaque niche demande un investissement en matériel différent. Il est donc crucial de se poser les bonnes questions dès le départ. 

Ensuite, quand vous aurez posé les bases de votre professionnalisation dans le champ de la photographie culinaire, il faudra faire des choix en termes de matériel. Encore une fois, concernant la catégorie « objectifs » et si vous souhaitez devenir photographe culinaire professionnel, vous ne pourrez pas faire l’impasse sur l’acquisition de multiples focales répondant à des besoins différents. La réalité du métier de photographe culinaire nous oblige à avoir plusieurs cordes à notre arc et, en l’occurrence, plusieurs objectifs dans notre sac-à-dos. Pour ceux qui se demandent donc par où commencer en ce domaine, voici une progression d’achat qui vous permettra d’expérimenter et de vous lancer sereinement dans le métier.

  • Zoom 24-70 mm : Commencez par vous acheter le meilleur zoom 24-70mm que vous pouvez. Celui-ci existe quasiment dans toutes les marques. Un tel objectif vous permettra de faire vos armes à la fois sur des compositions serrées (70mm) et sur des compositions plus complexes (24 mm ). De plus, c’est un objectif qui vous permettra de répondre à l’essentiel des demandes que l’on vous fera dans le cadre de la photographie de restaurant. Avec le 24 mm, vous pourrez réaliser des plans larges pour de la photographie d’ambiance et avec le 70 vous aurez assez de compression pour, par exemple, faire du reportage métier ou des portraits de chefs. Enfin, il est toujours utile d’avoir un zoom sur un shooting dans la mesure où, parfois, il y a beaucoup de prises de vue à réaliser, or il est moins chronophage de zoomer sur son objectif que de devoir le changer.

  • 100 mm macro : Selon moi la meilleure focale pour pratiquer la photographie culinaire en 2021. Elle vous permettra de réaliser ces visuels gourmands qui nous donnent vraiment envie de taper dedans !

  • Grand angle : Avec votre 24-70 mm et votre 100 mm macro, vous avez franchement de quoi faire. Vous avez même largement de quoi révolutionner la photographie culinaire ! Mais il peut arriver, surtout si vous possédez un boîtier APS-C, que votre 24 mm (équivalent 36 mm sur un boîtier plein format), soit encore trop serré pour certaines situations. Imaginons que vous souhaitiez réaliser des compositions complexes du type flat-lays avec de grandes tables, ou que l’on vous demande de réaliser des photographies de la salle de restaurant. Dans ces deux cas concrets, vous vous heurterez peut-être des problèmes si vous ne possédez pas un grand angle. Dans ce cas, un 10 - 24 mm sera idéal. Personnellement, je n’ai pas possédé de grand angle pendant ma première année d’exercice. Ce n’est qu’après avoir dû en louer quelques fois pour répondre à des commandes que j’en ai fait l’acquisition.

  • Pour conclure:

En somme, il semblerait bien que les focales longues soient à la mode. Néanmoins, ne perdez jamais de vue que, dans l’absolu, le meilleur objectif pour la photographie culinaire est celui qui vous permettra d’accomplir un objectif défini personnellement et/ou professionnellement.

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